Pendant mes études avant le baccalauréat, nous avions encore une assez bonne culture littéraire, qui n’avait pourtant rien à voir avec celle de la génération précédente, mais suffisante pour étudier Boileau et sa satire sur les Embarras de Paris au XVIIe siècle.
Concernant la circulation des voitures qui ont remplacé depuis la découverte du moteur à explosion les animaux tracteurs, il n’y a eu aucun progrès dans les embarras de circulation en dépit de toutes les diverses tentatives réalisées. Il est vrai que si le nombre de Parisiens intra-muros diminue quelque peu, le nombre d’habitants vivant dans les périphéries et se rendant en voiture pour travailler ou pour profiter des activités variées de notre capitale, auxquels il faut ajouter le déferlement des touristes (certains en voiture et d’autres, plus nombreux, dans des cars gigantesques), compense largement et nos rues sont vraiment encombrées. On a inventé d’ailleurs un mot bien français pour remplacer les Embarras de Boileau par les « Embouteillages » ! Je ne comprends toujours pas qu’aucun politique n’ait eu le courage de transformer le cœur de Paris en une zone interdite aux voitures particulières, les ayant remplacées par des nombreux bus, des minibus comme dans certaines grandes villes de province, des taxis et créer aussi beaucoup de rues piétonnes qui font la joie des habitants de nombreuses villes régionales. Bien que je n’aime guère la suffisance insulaire des Anglais, cela existe à Londres depuis longtemps ! Et Londres aurait détrôné Paris aussi bien dans le domaine économique que culturel ; j’espère que ce problème d’interdiction de circulation n’en est pas la cause première. Et pourtant nous avons le métro imaginé à la fin du XIXe siècle pour désengorger Paris en créant un chemin de fer souterrain, dont la première ligne a été ouverte officiellement en juillet 1900 à l’occasion de l’exposition universelle, avec un important réseau qui ne cesse de grandir, de s’allonger vers les périphéries, mais qui n’est pas assez entretenu ; si bien que pour certains utilisateurs le métro n’est pas non plus parfait car il y a souvent maintenant des blocages dus à des problèmes techniques qui ralentissent l’efficacité de ce merveilleux engin que nous exportons dans de nombreux pays qui, malheureusement pour notre économie, nous copient maintenant.
Mais que vous vous déplaciez dans Paris par un quelconque moyen de transport il vous faut également marcher dans la ville à pied et vous devenez piétons. Les piétons n’ont pas le droit d’aller sur la chaussée sauf pour la traverser aux feux rouges sinon vous devez utiliser les trottoirs. Ils sont récents dans l’histoire des villes françaises. À l’époque de Boileau ils n’existaient pas, les piétons côtoyaient sur la chaussée les différents moyens de transports : les cavaliers à cheval, les charrettes tirées par des chevaux ou même des bœufs ; d’autre part les eaux usées passaient au milieu de la chaussée, il fallait donc faire attention où l’on marchait pour ne pas salir le bas des robes des dames. Des rues piétonnes dans certaines petites villes ont repris cet esprit, sauf que les eaux usées ne passent plus par-là, fort heureusement ! depuis que le système des égouts s’est répandu partout dans les villes et villages. Seules certaines maisons isolées dans notre terroir ne sont pas rattachées à ce système et ont alors encore des fosses septiques pour chaque maison. À Paris nous marchons sur des trottoirs de largeurs variées qui à la fin du XXe siècle étaient bien suffisants pour accueillir les différents usagers, mais depuis peu on assiste à un nouvel encombrement de ces derniers par des véhicules divers. La montée écologiste salutaire pour notre avenir planétaire a entraîné la réapparition de la bicyclette, qui ne devrait pas être sur les trottoirs mais qui les emprunte assez souvent quand justement la circulation devient périlleuse pour eux sur la chaussée. Comme on souhaite parcourir de grandes distances avec les deux roues il y des bicyclettes électriques ; puis ce fut l’arrivée des trottinettes, maintenant souvent électrifiées et pouvant appartenir à de jeunes adolescents qui foncent, sans regarder, sur les piétons âgés terrifiés, car s’ils sont heurtés ils peuvent tomber et on sait bien que si une personne âgée tombe elle peut abréger de beaucoup sa vie ! De plus le nombre de personnes se déplaçant à pied sur les trottoirs ayant beaucoup augmenté, il est souhaitable que les séniors évitent ces heures de pointe car ils sont invisibles pour les nombreux adolescents qui marchent de concert à plusieurs, riant et portant le plus souvent un sac à dos sur l’épaule, augmentant ainsi la largeur nécessaire à leur déplacement, si bien que le piéton doit slalomer au milieu de cette foule variée. Donc si la chaussée des rues est hyper dangereuse pour les piétons, les refuges que sont pour eux les trottoirs deviennent également dangereux.
Quelles sont les solutions : marcher aux heures creuses mais c’est une atteinte à notre liberté ; jouer, si je puis dire, à l’aveugle, je crois que c’est risqué car malheureusement la presque foule qui utilise certains trottoirs est atteinte elle-même de malvoyance sur les autres qu’eux-mêmes ; se plaindre si on est de nature vindicative, cela peut être dangereux car certains jeunes n’ayant aucun respect pour les autres qu’eux-mêmes, ni la moindre idée de que représente la difficulté de se déplacer quand la jeunesse est lointaine, vous pouvez être la proie de sobriquets, d’injures plus ou moins violentes et même agressés physiquement. La seule solution est de rester chez soi ou de rentrer en EHPAD, ce qui est une manière rapide de disparaître des cités !
Monique Adolphe