À l’université de Caen, des chercheurs ont mis au point une innovation inédite : un agent de contraste capable de repérer les microcaillots de sang dans le cerveau, à l’origine de certains AVC. Pour concevoir ce produit, l’équipe s’est inspirée des propriétés adhésives des moules.
L’incroyable adhérence des moules, modèle pour la médecine
L’expression « accroché comme une moule à son rocher » prend ici tout son sens. Les moules possèdent en effet une puissante faculté d’adhésion, grâce au byssus – de minuscules filaments sur leurs coquilles qui leur permettent de se fixer solidement. Les chercheurs de l’institut Sang et Cerveau de Caen ont reproduit en laboratoire une substance aux caractéristiques semblables pour créer un agent de contraste destiné aux IRM. Ce produit pourrait permettre de mettre en évidence des zones bien précises du corps, notamment les minuscules caillots de sang qui échappent encore aux moyens d’imagerie actuels.
Un agent de contraste innovant et biodégradable
Il n’est bien sûr pas question de collecter des moules pour fabriquer ce produit : tout est synthétisé en laboratoire. L’adhérence de cet agent de contraste repose sur des particules d’oxyde de fer, qui, grâce à leurs propriétés magnétiques, sont parfaites pour les examens d’imagerie médicale. De plus, cet agent est biodégradable, et ses capacités adhésives permettent de cibler les microcaillots, augmentant ainsi la précision des IRM dans les cas d’AVC.
Détecter l’invisible et ouvrir la voie à des traitements ciblés
Actuellement, les microcaillots passent souvent inaperçus, car ils sont trop petits pour être visibles à l’imagerie médicale classique. Les AVC sont habituellement associés à de plus gros caillots, facilement repérables dans les artères où ils obstruent la circulation sanguine vers le cerveau. Cependant, ces minuscules amas sanguins résiduels sont souvent invisibles avec les IRM conventionnelles. Cet agent de contraste pourrait donc révolutionner le diagnostic des AVC, en permettant d’identifier et de mieux comprendre ces microcaillots invisibles.
Bien que les premiers tests aient été réalisés avec succès sur des souris, les chercheurs appellent à intensifier les recherches pour permettre des applications cliniques sur l’humain. À l’occasion de la Journée mondiale de l’AVC, ils rappellent l’urgence d’améliorer les outils de diagnostic pour ce problème de santé publique, qui touche 140 000 personnes chaque année en France.