Le président togolais Faure Gnassingbé a été réélu pour un quatrième mandat. Successeur de son propre père à la tête du Togo, il poursuit un règne qui dure depuis cinquante-trois ans.
Un score écrasant
Déjà au pouvoir depuis quinze ans, Faure Gnassingbé a été réélu dès le premier tour de la présidentielle avec une majorité absolue (72,3%). Le candidat du parti UNIR (Union pour la République) s’impose face à Agboyémé Kodjo (18,3%), du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD). En troisième place, Jean-Pierre Fabre (4,3%), le leader historique de l’opposition, se présentait contre Gnassingbé pour la troisième fois.
Cette élection est remise en question par la société civile qui dénonce des bourrages d’urnes et des inversions de résultats. Le principal opposant Agboyémé Kodjo a, de son côté, dénoncé une parodie d’élection et s’est présenté comme le « président démocratiquement élu », appelant Faure Gnassingbé à accepter sa « défaite ».
Les observateurs de l’Union africaine et de la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) n’ont pourtant pas relevé d’irrégularités lors du scrutin du 22 février, marqué par un fort taux de participation (76%). Ils appellent les opposants au calme jusqu’à la publication des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle.
Un pouvoir sans partage
Faure Gnassingbé préside le Togo depuis 2005. Il succédait à son père Eyadéma, qui avait lui-même maintenu le Togo sous son autorité pendant trente-huit ans. Lorsqu’Eyadéma meurt brutalement en 2005, Faure devient, en moins de vingt-quatre heures, député, puis président de l’Assemblée nationale et de la République. Quelques mois plus tard, il est poussé par la communauté internationale à organiser des élections qui seront marquées par des violences et des morts. Faure Gnassingbé est alors officiellement élu à 60% des suffrages, tout comme en 2010 et en 2015.
En 2017 et 2018, plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues pour réclamer la démission du chef de l’Etat. Cette importante crise politique a mené à une modification de la Constitution, limitant à deux le nombre de mandats présidentiels. Cependant, cette mesure n’étant pas rétroactive, Gnassingbé pourra se présenter une seconde fois en 2025.